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La composition d’un encens

 

 

 

Le combustible de l’encens

                        

Nous savons tous que pour brûler, le feu à besoin de chaleur, d’oxygène, et d’un combustible. Il en est de même pour l’encens! Dans le jargon de l’encens, ce combustible est appelé la «base» et tout encens combustible se doit d’en avoir une. À la base, le vin est fabriqué avec du raisin, l’encens lui, est confectionné avec du bois. D’ailleurs, on apprécie autant le vin que l’encens pour ses propriétés boisées. Ainsi, la base d’un encens est composée de poudre de bois que l’on ajoute à notre mélange. C’est ce qui va permettre aux autres ingrédients de se consumer lentement lors de la fumigation. Par ailleurs, le bois apporte une note boisée-grillée à l’encens. Même si certains artisans utilisent du charbon de bois en poudre comme base, cet ingrédient n’égalera jamais les propriétés aromatiques d’un bon bois de Palo Santo ou de santal blanc. De toute façon,  je déconseille le charbon parce qu’il pollue l’air et qu’il n’ajoute rien à la fragrance du parfum. De plus, lorsqu'on fabrique des bâtons et qu’ils s’éteignent tout le temps, c’est souvent que notre recette ne contient pas assez de bois. Ajouter une part ou deux de bois devrait améliorer grandement la combustion de votre encens. De même, notez que le bois à tendance à adoucir le parfum de l’encens, alors il faut savoir doser.  

 

 

Les aromatiques

 

Les aromatiques sont toutes les substances qui servent à enrichir la base de leurs parfums. Quand ils sont mélangés dans les bonnes proportions, les aromates enivrent les sens de leurs parfums. Les aromatiques sont donc la richesse et l’âme de l’encens. En fait, toutes matières d'origines végétales entrent dans la catégorie des aromates. Il peut s'agir d'herbes, de graines, d'épices, de racines, de bois, d'écorces, de fleurs ou de résines. Ce sont donc avec ces ingrédients que l’on va créer nos parfums. Il existe également des substances d'origines animales comme le musc Tonkin, l'ambregris, l’hyraceum, la civette et l'onycha. Et bien que ces senteurs soient paradisiaques, la vente est souvent interdite parce que ces espèces sont en voie d'extinction. Il est donc déconseillé de se procurer ces ingrédients.

 

 

Le fixateur d'odeur

 

Pour comprendre ce qu’est un fixateur d’odeur, il faut savoir que la fumée a un poids moléculaire quand elle s’élève dans les airs. Ainsi, la fumée s’élève selon le poids des particules qui se consume; allant des odeurs les plus volatiles aux plus fixes. Plus la fumée est lourde, plus l’odeur va persister dans le temps. Or, la fonction d’un fixateur est d’augmenter la ténacité des effluves qui se dégagent d’une fumigation. Si le parfum est trop volatile, l’odeur va s’évanouir rapidement, et au contraire, si elle est trop fixe, le parfum va être envahissant. Ainsi, le secret pour fixer l’odeur d’un parfum est de trouver l’équilibre entre le fixe et le volatile. En fait, le fixateur à aussi pour fonction de prolonger la durée de vie d’un encens. En termes de quantité à mettre dans un mélange, on ne mettra pas plus de 3 à 5% d’un ingrédient qui agit comme fixateur.

 

Voici quelques ingrédients qui agissent comme fixateur. (Cette liste n’est pas exhaustive.)

 

Ambregris, ambrette, ase fétide, baume du Pérou, baume de Tolu, benjoin, bois d’Agar et de cèdre, dammar, hyraceum, racine d’Iris, labdanum ciste, mastic du lentisque, mousse de chêne, myrrhe, oliban, onycha, opopanax, patchouli, sandalwood, sauge sclarée, storax, vétiver.

 

 

Le liant

 

Nous avons vu que l’encens traditionnel n’a pas besoin de liant dans sa confection. Par contre, quand on veut fabriquer des cônes ou des bâtons, on doit utiliser une colle pour solidifier le mélange. C’est ce qui va nous permettre d’obtenir une belle pâte ferme.  En

ce qui concerne le choix du liant, on a l’embarra du choix :

 

 

Les gommes

 

On peut employer des résines et parmi les plus populaires, il y a la gomme arabique. Elle est vendue sous forme de cristaux jaune, pratiquement inodore et soluble dans l’eau. Le problème avec la gomme arabique, c’est que la fumée est allergène et peut causer des crises d’asthme chez certaines personnes. Sinon, il y a la gomme adragante (tragacanthe) et la gomme de guar (extrait d’une graine), qui sont d’excellents liants. Dans son livre «Incense, Crafting & Use of Magickal Scents», Carl Neal préconise de mettre seulement le ¼ d’une cuillère à thé de ces gommes dans un mélange. Ne jamais mettre plus d’une ½ cuillère à thé. Cette règle n’est pas absolue, mais ça donne une bonne idée des quantités à mettre.

 

 

Les écorces

 

Généralement, on obtient de bons résultats avec les gommes. Certes, il reste que les connaisseurs préfèrent les écorces de certains arbres orientaux pour lier la base aux ingrédients. On utilisera surtout les écorces quand on fabrique des encens boisés. Pour ma part, ce sont les meilleurs liants et bien que je ne les nomme pas tous, j’aurais pu parler du «dar» pour fabriquer des cônes ou de la poudre de Joss, etc.

 

Très connu en Inde et au Japon, le makko est l’ingrédient par excellence pour fabriquer des bâtons et des cônes. En fait, cet écorce provient d’un arbre Japonais; le Tabu no ki. Le makko est un ingrédient spécial puisqu’il a deux fonctions dans la fabrication d’encens. D’abord, il agit en tant que liant, puisque la poudre est hydrosoluble. Puis, il sert également de base à l’encens. En Japonais, la pâte d’encens à base de makko est appelée «tama». Ainsi, pour savoir si on a ajouté la bonne quantité de makko au mélange, il faut que le tama ait un aspect argileux lorsqu'on le pétrie. Il faut être prudent quand on ajoute l’eau au tama, parce que la capacité d’absorption du makko est limitée. Si on met trop d’eau, le makko ne s’agglutinera plus. Au pire, on peut rajouter un peu de makko au tama! Cela peut sauver l’encens si on à trop mit d’eau. Par contre, si on abuse du makko, l’encens va dégager une odeur de makko. Certes, un encens réussi avec ce liant ne sentira pas le makko. En dépit de ses qualités extraordinaires, il n’y a pas vraiment de recette miracle quant à la quantité à mettre à un mélange. Malheureusement, ça fonctionne par essais et erreurs.

 

Au Tibet et au Népal, ils utilisent l’écorce du laha comme liant. Le laha est beaucoup moins connu que le makko dans le monde occidental. Pourtant le laha est moins onéreux que le makko. En fait, plusieurs personnes le préfèrent comme liant, parce que cet écorce est encore moins odorant que le makko. Bien qu’on puisse utiliser les différentes parties de l’écorce, c’est souvent le laha rouge que les Tibétains utilisent pour fabriquer leurs encens. Il y a aussi du laha noir sur le marché oriental. Celui-ci sert également d’aromatique car il a des propriétés boisés. Quand on travaille avec du laha, il ne faut pas abuser des résines dans notre mélange, car trop de résine ferait en sorte que les bâtons ne serait pas allumable. Il en est de même avec les huiles essentielles! En mettre trop donnerait une fumée noire, ce qui est indésirable.

 

 

L’eau

 

Pour faire agglutiner le liant, on se sert de l’eau commune. L’eau doit être un peu plus chaude que tiède, mais pas bouillante. Sinon la pâte deviendrait trop collante. On peut également employer une eau florale, comme une eau de rose. Par contre, on ne peut pas se servir des huiles essentielles pour lier notre encens, parce que l’huile n’est pas hydrosoluble. Par ailleurs, on peut toujours remplacer l’eau par du vin, mais cela ne change pas grand-chose à l’odeur de l’encens. Le vin est surtout utilisé dans la confection du kyphi Égyptien. (Je reviendrai plus tard sur ce point.)

 

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