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La technique de fabrication

 

 

La création d’un parfum (une pincée de ceci, une pincée de cela)

 

Le véritable plaisir de fabriquer de l’encens, c’est avant tout d’exploiter notre imagination et notre créativité! Quand un artiste veut peindre un tableau, il va d’abord penser à qu’est-ce qu’il veut exprimer à travers son art. Veut-il simplement copier la nature ou tenter l’impossible en créant le symbole nouveau? De toute manière, le peintre commence toujours par faire une esquisse de son œuvre. Il gribouille sur du papier jusqu’à ce qu’il soit pris d’une illumination soudaine. Puis, après maintes ébauches, l’artiste sort finalement ses pinceaux et se met à produire l’œuvre de sa vie. En fait, il concrétise dans la réalité ce qui sommeil dans son inconscient. Certes, c’est la même chose pour l’artisan qui fabrique de l'encens. Il est comme un musicien qui crée des accords pour composer des notes, puis il harmonise ces notes entre elles afin de créer une symphonie...d’odeur.

 

Avant de mixer à l’aveugle des ingrédients en espérant créer l’encens des encens, il faut s’interroger sur ce que l’on veut produire. L’artisan se demande toujours quel type d’encens ce sera? Est-ce des bâtons que je veux faire ou un encens traditionnel? Quelle fonction aura l’encens pour moi? Sera-t-il brûlé en offrande à une divinité (si on est croyant) ou simplement consumé pour créer une atmosphère de détente? Pour ce faire, on peut s’inspirer des saisons, des quatre éléments ou d’un pays, comme faire un encens Tibétain ou Japonais. Cela peut être créé à des fins ritualistiques ou simplement pour méditer. Le but de ce thème est de nous donner une direction à prendre quand au choix de nos ingrédients. Aussi, on peut s’inspirer d’un accord célèbre de la parfumerie, comme un Oud-Rose. Il reste qu’on prendra plus de plaisir à inventer nos propres parfums. C’est beaucoup plus gratifiant. Celui qui connait l’histoire du vieux Baldini, sait qu’il n’est pas un nez. Cependant, c’est souvent en regardant les pyramides des parfums célèbres qu’on apprend à créer de bons accords. Bref, ce sont toutes des questions que l’on doit se poser avant même de penser à moudre des ingrédients.

 

Lorsqu’on débute une nouvelle recette, on commence toujours par la note de base. Évidemment, les meilleurs encens sont toujours ceux qui contiennent les ingrédients que l’on aime le plus. Alors, on commencera par notre ingrédient préféré. Disons que c’est le bois d’Agar. Ce bois sensuel s’éveille d'abord sur une note fruitée et révèle ensuite ses propriétés boisées. Supposons qu’à partir de cet ingrédient, on veut créer un boisé-épicé. Tout d’abord, on fera brûler du bois d’Agar seul pour s’imprégner de son odeur. Ensuite, on le mélangera avec un deuxième ingrédient à part égal, (avec du bois de santal blanc) et on testera ce mélange préliminaire. En fait, on testera notre mélange après chaque fois que l’on incorpore un nouvel ingrédient. Pendant qu’on brûle cette note boisée, si on remarque que l’accord Agar et santal n’est pas à notre goût, on ajuste en conséquence. Soit on diminue ou soit on augmente la dose. Dans cet exemple, la proportion était d’une part d’Agar, pour une part de santal. Il va sans dire qu'à ce dosage, le santal enterre le bois d’Agar. Alors on augmente le bois d’Agar à deux parts pour une part de santal. Ensuite, on enrichira le mélange jusqu’à ce que l’accord soit parfait à notre nez. Puis, on voudra que cette base contienne un peu de résine, alors pourquoi ne pas ajouter un peu de myrrhe et faire un test pour savoir si l’odeur n’est pas enivrante. Puis, si le parfum nous convient, il ne nous reste plus qu'à le fixer et nous aurons fabriqué notre premier encens. Après plusieurs essaies, on constate qu’une bonne huile essentielle de vétiver se révèle le meilleur fixateur pour ce mélange. En parfumerie, la coutume veut que l’on ne mélange pas plus de six ingrédients pour chacune des notes, pour un total maximum de 18 ingrédients par recette. Sachez qu’à l’habitude, quand on produit une recette d’encens, on ajoute seulement les huiles essentielles à la fin du mélange.

 

Ensuite, il ne reste plus qu’à répéter la même procédure pour la note de cœur et de tête, en se demandant quels ingrédients s’harmoniseraient avec la base. Effectivement, il doit y avoir un lien entre la tête et le cœur, puis entre le cœur et la base. En gros, c’est comme ça que l’on créé un parfum d’encens. Si on continuait la note de cœur et de tête, ça donnerait à peu près cette recette là pour un encens traditionnel.

 

 

Muscade........................¼ part

Anis étoilé......................¾ part

Cardamome...................1 part

 

Girofle..........................1½ part

Cannelle.........................¾ part

 

Myrrhe............................1 part

Bois d’Agar....................4 parts

Bois de Santal...............1 parts

Vétiver HE....................1 goutte

 

 

Le nom de l’encens

 

Lorsqu’on a terminé de créer notre encens, il est important de lui donner un nom. Habituellement, on choisi un nom qui a un sens profond pour nous. Pour ce faire, on se fit au thème, ou à la note de coeur de l'encens. Le nom de l'encens peut être celui d’une divinité ou Il peut évoquer une saison ou avoir un lien avec nature. On peut aussi puiser notre inspiration dans le folklore ou dans la mythologie. Pour un encens brûlé pendant un rituel, le nom peut avoir une connotation plus occulte. Il reste que les plus beaux noms évoquent la poésie… Enfin, laissez aller votre imagination. 

 

 

Notes additionnelles

 

Juste une note pour rappeler que nos ingrédients doivent être passés au tamis avant de les mesurer. Premièrement, si on fait des bâtons ou des cônes, les ingrédients doivent être moulus le plus finement possible; surtout les résines, car elles sont plus dures à brûler que les autres matières brutes. N’oubliez pas de raser vos cuillères avec un couteau pour obtenir les quantités exactes! Quand tous nos ingrédients sont réduits en poudre, il ne reste plus qu’à ajouter le liant. Il est important de le faire à cette étape-ci, parce qu’il absorbe l’odeur du mélange. Puis, quand le liant est ajouté au mélange, on remoud le tout une seconde fois pour obtenir une fine poudre. Cela mélange d’avantage les ingrédients entre eux, et on s’assure ainsi d’une meilleure combustion.  

 

 

Le conditionnement du mélange

 

Une fois que la matière brute est pesée, tamisée et bien moulue, que les huiles essentielles et le liant sont ajoutés, on met simplement le mélange dans un sac en plastique, et on le met dans un contenant hermétique. Sur ce point, il faut comprendre que l’encens aime bien vieillir dans l’obscurité, parce que la lumière du soleil peut altérer les molécules des huiles essentielles contenues dans la matière bute. L’encens est comme un fruit, on le savoure plus lorsqu’il est mûr. Ainsi, laisser vieillir un mélange de trois à six mois permet à l’encens d’atteindre sa pleine maturité. Un encens qui a maturé libèrera son parfum original lorsqu’il brûle, contrairement à un jeune parfum. La raison est que les molécules odorantes se mélangent et s’adoucissent en vieillissant. C’est pourquoi il faut absolument le faire vieillir. Avec l’expérience, on remarque que le mélange s’agglomère après quelques mois. Cela est normal, c’est que les huiles essentielles se sont mélangées entre elles. Il suffit de remoudre le mélange une troisième fois et on obtiendra la plus fine des poudres.

 

 

L’extrudage

 

À cette étape-ci, on doit préparer notre espace de travail en but d’extruder la pâte et de faire sécher notre encens. On aura donc besoin des planches de séchage (recouverte de papier-ciré), d’un bol d’eau chaude, de notre compte-gouttes, sans oublier l’extrudeuse. Tout d’abord, on met le mélange, qui a préalablement vieillit trois mois, dans un bol. Puis, on ajoute simplement l’eau à l’aide du compte-gouttes. Commencez par mettre une dizaine de goutte d’eau et pétrissez le mélange avec vos doigts. Le port des gants est conseillé pour accomplir cette tâche. On doit rajouter de l’eau et pétrir de nouveau, jusqu’à ce que l’on obtienne une belle pâte ferme. Ensuite, on insère la pâte dans l’extrudeuse et on s’amuse à faire de beaux bâtons de la longueur et de la grosseur souhaitée. Lorsqu'on a fini d’extruder un bâton, on le roule délicatement sur la planche avec l’index pour le raffermir. Au fur et à mesure que l’on produit des bâtons, on doit les coller les uns sur les autres. Cela est important, sinon les bâtons vont se courber en séchant. Il est à mentionner que c’est la chose la plus dure dans la fabrication d’encens de faire sécher les bâtons bien droit. Alors, le seul moyen d’y parvenir est de les coller ensemble. Une fois qu’on a fini d’extruder, on coupe les bâtons de la longueur désirée avec un couteau. Pour des encens qui coutent cher à produire, ils seront coupés d’une longueur de 9 à 14 centimètres. Sinon, pour des encens moins onéreux, ils peuvent mesurer jusqu’à 25 centimètres de long. En ce qui concerne le diamètre des bâtons, plus ils seront minces, mieux ils brûleront. Alors n’excédez pas les 7 millimètres de diamètre. De plus, après avoir coupé les bâtons avec le couteau, il reste de petits morceaux de pâte que l’on ne doit pas jeter. On repétrit la pâte en ajoutant une ou deux goutte d’eau et on extrude à nouveau. Sinon, on peut faire des cônes avec les restants. Quand tout est terminé, on place l’encens dans la boite à séchage. 

 

 

 

 

 

 

 

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